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ALERTE. La campagnie nationale aérienne, en pleine crise financière, souhaite une aide urgente de l’Etat.
Royal air Maroc traverse la plus grave crise de son histoire. Une crise qui l’expose probablement à connaître le même sort de grandes compagnies aériennes dans le monde comme Alitalia, Sabena ou encore Air Afrique. Mais la RAM, c’est le symbole du Maroc, sa fierté et son image à l’étranger. Comment en est-on arrivé-là? Plusieurs facteurs, principalement exogènes, ont participé à cette situation. Un environnement totalement dérégulé avec une concurrence des plus rudes, un cadre fiscal pénalisant et des facteurs conjoncturels récurrents qui impactent ses résultats.
En somme, la compagnie nationale aérienne affiche aujourd’hui une fragilité financière préoccupante. Après avoir subi une année 2009 marquée par une crise économique profonde, un contrôle fiscal en 2010 qui lui a coûté plus de 1 milliard de dirhams, elle affronte aujourd’hui une très forte augmentation du prix du carburant avec une hausse de la facture carburant de 42%. À cela s’ajoute une baisse du trafic sur les routes touristiques.
Ces facteurs très lourds impactent de manière grave la situation financière de la compagnie avec des pertes estimées à 20 millions de dirhams par semaine. Avec le déficit attendu à fin 2011, Royal Air Maroc va connaître pour la première fois de son histoire des pertes annuelles importantes qui menacent ses fondamentaux.
Cette nouvelle donne accentue la fragilité financière de Royal Air Maroc pour la troisième année consécutive et soulève la question de la nécessité pour l’Etat d’une prise de position claire par rapport au devenir de la Compagnie dont les ressources propres risquent d’être totalement épuisées par trois années de déficit successives.
Et pourtant, RAM a engagé des efforts colossaux depuis 15 ans: elle a investi près de 20 milliards de dirhams sur ses fonds propres, ce qui lui a permis de développer sa taille, d’accroître son réseau, notamment en Afrique, et d’afficher une résilience dans un environnement marqué par une concurrence frontale des compagnies low cost qui sont venues gêner la RAM sur ses marchés les plus porteurs, encouragées par un cadre libéral mis en place par le gouvernement.
En parallèle, la compagnie nationale a vu son régime fiscal devenir plus contraignant, la pénalisant ainsi par rapport aux compétiteurs notamment européens qui, eux, bénéficient d’un régime fiscal adapté aux contraintes du transport aérien. Malgré la situation difficile de RAM, la compagnie, avec l’accord de son Conseil d’Administration avait lancé, dès 2010, un plan ambitieux de développement, aligné aux chantiers majeurs du Royaume (régionalisation avancée, Plan Émergence, Vision 2020 du Tourisme...).
Solidarité nécessaire Ainsi l’Etat est interpellé pour soutenir la Compagnie nationale pour mettre en place un plan de restructuration urgent, accompagner ses investissements futurs et sa stratégie de croissance. N’oublions pas que dans d’autres pays, les compagnies aériennes sont soutenues par leurs Etats, en cas de difficultés financières. La survie d’Air France n’a été rendue possible en 1994 que grâce aux 20 milliards de francs accordés par l’Etat pour sa recapitalisation. Aujourd’hui, la compagnie française se porte bien après avoir traversé une grave zone de turbulences.
Par ailleurs, dans le cadre du dialogue social permanent entre la direction de Royal Air Maroc et les partenaires sociaux, ces derniers viennent de donner l’exemple d’une solidarité nécessaire autour des intérêts prioritaires de l’entreprise. Aujourd’hui, l’objectif urgent et prioritaire affiché par RAM est de dépasser cette situation critique au plus vite. tout en lançant un projet de développement ambitieux tendant à faire de RAM un acteur de premier plan à l’échelle de l’Afrique.
Paraissa Amourag,Maroc-hebdo.