Le Spitfire réimmergé dans le port de CaenLe chasseur monoplace australien, abattu le 11 juin 1944 et renfloué il y a trois mois à Sallenelles, vient d'être immergé de nouveau. Mais cette fois dans le Nouveau bassin caennais. Sur ordre de l'État.Pourquoi ? Comment ?
Fallait-il sortir l'avion de la vase ?Novembre 2010. Fabrice Corbin, conservateur du musée « Le Mur de l'Atlantique » à Ouistreham, décide de sortir l'épave d'un avion de la vase dans laquelle elle est restée durant 66 ans. L'avion, un Spitfire de la Royal australian air force, avait été abattu par des tirs allemands le 11 juin 1944. Mais les services de l'État ont opposé leur veto, a posteriori. L'avion a été sorti de la vase, dans la baie de Sallenelles, « où il ne risquait rien », affirme Olivia Hulot, chargée de mission au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drass). « C'est une atteinte à la mémoire de la guerre et du combattant », ajoute Kléber Arhoul, directeur régional des affaires culturelles (Drac). « De plus, la sécurité liée aux engins de guerre n'a pas été prise en compte. » Fabrice Corbin estime, de son côté, que le travail de mémoire c'est « justement d'avoir l'épave à jour, que la famille récupère les restes du pilote ».
Pourquoi le Spitfire a-t-il été remis à l'eau ?Les experts du Drass, situé à Marseille, ont jugé nécessaire de réimmerger l'avion, dans le Nouveau bassin du port de Caen, afin de le protéger des attaques extérieures. Pourtant Fabrice Corbin, à l'origine du renflouage, s'était appliqué à l'arroser régulièrement. « Arroser l'avion ne sert à rien, affirme Olivia Hulot. Cela provoque des changements de températures sur l'épave qui l'endommagent encore plus. Il faut réimmerger. Surtout, il aurait fallu consulter un archéologue dès le début. »
Fabrice Corbin avait-il le droit de repêcher l'avion ?La Drac a jugé « illégale et irresponsable » le renflouage. L'avion se trouvait dans le domaine public maritime. Selon la loi, une épave découverte en deçà de 12 000 nautiques appartient à l'État. Kléber Arhoul affirme n'avoir pas été informé des intentions de Fabrice Corbin et n'avoir jamais autorisé le renflouage. Fabrice Corbin, en revanche, assure avoir déposé une lettre d'intention en septembre 2009. Il ajoute que Ports Normands Associés l'avait autorisé à sortir la carlingue. En réponse, la Drac rappelle qu'« aucun dossier n'a été déposé ou instruit. Déposer une lettre d'intention n'engage à rien et ne fait pas office d'autorisation même si Ports Normands Associés ont donné leur accord. » Une plainte déposée au parquet de Caen contre Fabrice Corbin a été classée sans suite après que ce dernier a rendu l'avion. Mardi dernier, les forces de l'ordre sont intervenues pour récupérer l'épave, à Ouistreham.
Que va devenir l'épave ?L'Angleterre, propriétaire officielle des vestiges de l'avion, n'a pas souhaité les revendiquer. L'Australie, en revanche, a demandé à les récupérer. Des ossements appartenant au pilote australien N. L. Smith, trouvés dans la carlingue, doivent être inhumés en avril au cimetière britannique de Ranville en présence de sa famille. Le colonel australien Mark Green, présent lors de la réimmersion, a récupéré en personne des objets trouvés dans l'avion.
L'appareil sera transporté vers l'Australie « avant le printemps », espère Kléber Arhoul.
Vendredi 11 février, à 20 h 35, sur France 3, le magazine Thalassa diffusera un reportage sur la découverte de cet avion.
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