http://www.parismatch.com/Actu/Internat ... 370-671972Citation:
On n’a jamais retrouvé le Boeing 777 de Malaysia Airlines et ses 239 passagers disparus le 8 Mars dernier. Passionné d’aviation, l’auteur de « La Chambre des Officiers » et de « la malédiction d’Edgar » a mené l’enquête
«  Tout le monde nous ment. Il y a une omerta dans cette affaire, il y a trop d’incohérences. Je ne fais plus confiance à personne. » Ghyslain Wattrelos ponctue sa dernière affirmation par un sourire, pour exprimer sa détermination intacte, puis reste longuement absorbé par ses pensées.
Perdre, le même jour, sa femme et deux de ses enfants va bien au-delà du drame. C’est une atrocité à laquelle personne n’est préparé. Y survivre Âdemande un effort colossal que cet homme mesure chaque jour, depuis neuf mois, tant il est difficile de maintenir de la cohérence devant une telle absurdité. La difficulté est d’autant plus grande lorsque les autorités en charge de faire la lumière sur cette tragédie s’esquivent, comme si l’anéantissement du vol MH370, à bord duquel 239 personnes ont disparu, n’était rien de plus que la réalisation d’une funeste probabilité dans un monde sécurisé.
La disparition du vol Air Malaysia reliant Kuala Lumpur à Pékin, le 8 mars 2014, ne ressemble à aucun autre accident Ârecensé jusqu’ici. A son effacement sans laisser de traces s’ajoute l’édification, en un temps record, d’un mur du silence qui rappelle celui érigé par les autorités américaines lors de l’explosion du vol 800 de la TWA, près des côtes de la Nouvelle-Angleterre. Dans le cas du vol MH370, le mutisme s’est substitué à Âl’effervescence des premières heures avec une rapidité qui fait penser que la transparence n’est pas la priorité dans cette affaire. Sans doute ne s’agirait-il là que de supputations, si des menaces sur cette enquête n’avaient pas été adroitement distillées par un agent de renseignement occidental.
De nombreux espions sont des écrivains contrariés. D’où l’emploi de métaphores étudiées pour nous déconseiller d’aller plus loin et nous faire comprendre, au final, qu’« il s’agit d’une affaire hautement sensible, d’une grande complexité », et qu’« il est préférable de laisser le temps faire son œuvre plutôt que de chercher à l’accélérer, avec tous les risques que cela induit ». Dans l’univers technologique qui est le nôtre, et particulièrement celui de l’armée américaine, il est surprenant qu’un gros-porteur de 63 mètres de longueur ait pu littéralement s’évanouir. Comme est surprenant le mépris pour des familles particulièrement maltraitées... Alors qu’on le connaît si actif dans les affaires d’otages, on comprend mal que François Hollande n’ait pas pris le temps de recevoir le mari et père des victimes françaises qui ne sont, à ce jour, que portées disparues.
La volatilisation de l’appareil n’a laissé aucune trace officielle, ni sur terre ni sur mer. Déterminée selon des indications très larges données par un satellite géostationnaire anglais, la zone retenue dans le sud-ouest de l’océan Indien, ratissée avec des moyens considérables, n’a rien restitué. Pas le moindre débris et, bien entendu, aucune des boîtes noires de l’appareil qui auraient permis de reconstituer les circonstances du drame.
En déclarant l’avion perdu, les autorités malaisiennes ont Âinvité Ârécemment les familles des victimes comme les observateurs à tirer un trait sur cette affaire. Près de neuf mois après la tragédie, ils considèrent l’affaire insoluble. Pourtant, une chose nous apparaît comme certaine : elle ne l’est pas. Le 8 mars de cette année, le commandant de bord du Boeing 777-200 se prépare normalement pour son vol du soir. Sur le chemin de l’aéroport, il a décidé de se rendre au procès du principal opposant au régime Âmalaisien, jugé pour « sodomie », accusation médiévale qui en dit long sur le degré de modernité du régime.
Une caste de politiciens corrompus tient le pays depuis Âcinquante-sept ans sur la base de prébende et de népotisme, avec un goût limité pour le partage. A 54 ans, ÂZaharie Bin Ahmad Shah, pilote expérimenté, fait partie de cette élite qui aimerait voir son pays entrer dans une ère démocratique. La condamnation à cinq ans de prison du leader de l’opposition lui prouve que ce temps n’est pas advenu et, selon certains Âtémoignages, il en est particulièrement contrarié. Sur le plan personnel, on dit qu’il vient juste de divorcer.
"Retrouvez le témoignage de Marc Dugain, jeudi 18 décembre sur France Inter, à 7h50 dans l'émission de Patrick Cohen et à 15 heures pour «Affaires sensibles»".