Internet est une mine d'informations... Depuis quelques semaines plongé dans des recherches concernant l'histoire de ma région d'enfance (la presqu'île guérandaise), peut-être en vue d'écrire un livre (qui sait ?), je viens de faire quelques découvertes surprenantes alors que je cherchais à me documenter sur le défunt port de Guérande.
En 1916, durant la première guerre mondiale, la direction des armées française entreprend la construction de quatre bases aéronavales dans l'estuaire et sur la presqu'île pour contrer l'avancer des navires et des sous-marin nazis rodant alentours.
Ainsi, sont dressées :
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A Paimboeuf, une base de dirigeables, inaugurée en mars 1917, occupant 180 personnes et produisant un débit d'hydrogène par jour de 1300m3. de Cette base aéronavale deviendra à la fin de la guerre, suite à un accord, la première de l'armée des Etats Unis d'Amérique en France avec celle du Croisic. Elle sera abandonnée en 1919, devenue inutile. Il n'en reste aujourd'hui qu'un plot d'amarrage situé sur un terrain privé.
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A Escoublac (ancienne commune qui deviendra partie intégrante de La Baule - Escoublac), construction, dès 1916 d'un terrain d'aviation, et d'une base aéronavale destinée à accueillir des avions de combat français. Pas plus d'information à ce sujet. J'ignore même si la base occupait la place à laquelle fût installé l'aéroport de La Baule qui vit sa première ligne régulière vers Paris, opérée par Air France en 1938.
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Sur Le Croisic, ce ne fût pas une, mais
deux bases qui naquirent durant la première guerre mondiale. Une base aéronavale, dans les terres, ainsi qu'une base d'hydravion, sur le port. Il ne reste aucun vestige ni de l'une ni de l'autre, la seconde ayant été utilisée par les américains entre 1918 et 1919 comme celle de Paimboeuf.
Mais les curiosités et originalités de l'histoire aéronautique de la presqu'île et de l'estuaire ne s'arrêtent pas là. Revenons à nos moutons, ou plutôt... nos poissons.
Les ports du Croisic et de La Turballe se sont toujours fait concurrence, depuis des temps immémoriaux sur les marchés des produits de la mer. Le Croisic se spécialisant, avec le temps, dans les crustacés, jusqu'à devenir le premier producteur français de crevette et de homard, quant à La Turballe, fervent fournisseur de sardine et d'anchois.
C'est justement La Turballe qui inspira Monsieur René Marchesseau, un charentais intéressant à bien des égards. Ancien artilleur, il se reconvertit dans l'aviation militaire, puis civile, devenant un pionnier de son époque, en ouvrant la première ligne aérienne Paris - Antananarivo - La Réunion.
En 1932, il s'installe au Pouliguen, et s'intéresse de près aux opportunités locales liées aux commerces marins. C'est alors que lui vint une idée de génie, donner des ailes aux poissons, et plus précisément aux
sardines, poumon économique local.
Fondateur et directeur de la Compagnie Nantaise de Navigation Aérienne (CNNA), il bouillonne d'idées nouvelles et de projets tout a fait extraordinaires et novateurs.
C'est ainsi qu'il convainc le port de La Turballe de construire un petit aérodrome, qui sera terminé en 1935, mais, ambitieux et impatient, Marchesseau n'attend pas cette inauguration, et, c'est depuis le récent aéroport d'Escoublac qu'il opère son premier vol, le 1er août 1935 avec un Latecoère immatriculé F-AIUM, chargé de 20 000
sardines fraîches, à destination de Paris, pour être vendus sur les marchés et dans les poissonneries locales.
Ce fût le début d'une aventure sans égal en France. C'était la première fois que l'on utilisait l'avion pour transporter des denrées alimentaires fraîches, et, bientôt, la renomée des
Sardines Volantes de La Turballe devint si grande, que la compagnie gonfla sa flotte jusqu'à 5 appareils, qu'elle engageait sur un réseau de ligne toujours croissant, toutes au départ de l'aéroport de La Turballe.
Cependant, la crise économique et les efforts du front populaires eurent raison de cette entreprise, et sonna le tocsin, en juin 1936, pour cette aventure hors normes et restée sans suite...